Le DUERP, instauré par le décret n° 2001-1016 du 5 novembre 2001, constitue un support documentaire, qu'il soit physique ou électronique, retraçant la stratégie de prévention adoptée par l'employeur. Son obligation s'impose dès l'embauche du premier salarié.
1. Identification des dangers et des risques : La notion de document unique
La notion de document unique est fondamentale dans le cadre de l'évaluation des risques professionnels (EvRP). Cette évaluation vise à identifier les dangers et risques auxquels sont exposées toutes les personnes travaillant au sein d'un établissement, afin de mettre en œuvre des actions de prévention en matière de risques professionnels. Elle représente un pilier essentiel de toute démarche de prévention en santé et sécurité au travail.
Conformément au Code du travail, l'employeur est tenu de consigner et de tenir à jour les résultats de l'évaluation des risques dans un document unique. À la suite de ces évaluations, l'employeur doit mettre en place des actions de prévention des risques professionnels, dispenser des informations et des formations, et mettre en œuvre une organisation ainsi que des moyens adaptés.
L'absence de formalisation des résultats de l'évaluation des risques dans ce "document unique" est passible d'une amende prévue pour les contraventions de 5e classe, soit 1500 €, et cette amende est doublée en cas de récidive. En cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle d'un salarié, le défaut de document unique peut être considéré comme un élément suffisant pour établir la faute inexcusable de l'employeur.
2. La notion d'audit dans le contexte du document unique d'évaluation des risques professionnels
La notion d'audit dans le contexte du document unique d'évaluation des risques professionnels vise à réaliser un examen approfondi pour évaluer la conformité aux exigences internes (telles que les procédures de l'entreprise) ou externes (telles que les normes et réglementations). L'objectif de cet audit est multiple :
1. Vérification de la conformité : Il s'agit de s'assurer que le document unique répond aux exigences définies, notamment en ce qui concerne l'identification des dangers et risques, la hiérarchisation des mesures de prévention, et la communication de l'évaluation des risques.
2. Mesure de l'efficacité des actions : L'audit vise à évaluer dans quelle mesure les actions de prévention des risques professionnels mises en place sont efficaces. Il s'agit d'analyser si ces actions contribuent effectivement à réduire les risques identifiés.
3. Détection des pistes d'amélioration : En examinant le document unique, l'audit cherche à identifier des opportunités d'amélioration. Cela peut inclure des ajustements dans l'identification des risques, des mesures de prévention, ou des méthodes de communication.
Il est important de noter que l'absence d'un modèle de document unique imposé par la réglementation rend l'audit plus complexe. Cependant, certaines exigences doivent être respectées, notamment l'identification des dangers et risques, la hiérarchisation des mesures de prévention, et la communication de l'évaluation des risques.
La circulaire du 18 avril 2002 fournit des précisions supplémentaires sur les caractéristiques essentielles du document unique. Ces caractéristiques comprennent le découpage en unités de travail, assurant une prise en compte des divers modes d'organisation du travail, la cohérence et l'exhaustivité des données, ainsi que la traçabilité des résultats de l'évaluation des risques.
La loi stipule également que le document unique doit faire l'objet de mises à jour régulières. Cette fréquence varie en fonction de la taille de l'entreprise, avec une exigence d'au moins une mise à jour par an pour les entreprises d'au moins 11 salariés. Les entreprises de moins de 11 salariés sont autorisées à effectuer des mises à jour moins fréquentes, à condition que le niveau de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs soit équivalent.
3. Le processus de hiérarchisation des mesures de prévention
Le processus de hiérarchisation des mesures de prévention, tel que stipulé par le Code du travail, représente une étape cruciale dans la démarche d'évaluation et de gestion des risques professionnels. Voici comment cette hiérarchisation s'articule :
Obligation légale de mise en œuvre des actions de prévention : À la suite de l'évaluation des risques, l'employeur est légalement tenu de mettre en œuvre des actions de prévention ainsi que des méthodes de travail et de production visant à garantir un niveau optimal de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs.
Intégration dans l'ensemble des activités de l'établissement : Conformément à la loi, ces actions de prévention et méthodes doivent être intégrées dans toutes les activités de l'établissement et à tous les niveaux de l'encadrement. Cela souligne l'importance de diffuser les mesures de prévention à tous les aspects de l'entreprise.
Élaboration du programme d'actions : L'articulation entre les résultats de l'évaluation des risques et l'élaboration du programme d'actions nécessite une réflexion approfondie. Ce processus consiste à rechercher des solutions et à faire des choix éclairés en fonction des besoins spécifiques de l'entreprise.
Regroupement dans un plan d'actions : Toutes les mesures de prévention définies sont regroupées dans un plan d'actions. Ce plan constitue une feuille de route organisée pour la mise en œuvre des actions préventives.
Critères de hiérarchisation : L'ordre et le délai de réalisation des actions sont déterminés en prenant en compte plusieurs critères, notamment :
La hiérarchisation des risques, en accordant une priorité aux risques les plus importants.
L'efficacité prévue des mesures envisagées pour réduire les risques.
Les coûts associés à la mise en œuvre des actions.
Les délais de réalisation pour chaque mesure de prévention.
Les particularités spécifiques de l'entreprise, qui peuvent influencer les choix et les priorités.
Rôle central du document unique : Le document unique, en tant qu'élément central de la politique de prévention, joue un rôle essentiel dans la gestion des risques professionnels. Il sert de base de données essentielle pour l'évaluation des risques, l'élaboration du programme d'actions, et la mise en œuvre des mesures de prévention. Son actualisation régulière garantit la pertinence continue des actions préventives.
4. Respect de l’obligation de communication
Le respect de l'obligation de communication du document unique d'évaluation des risques (DUERP) est crucial pour assurer la transparence et la sécurité au sein de l'entreprise. Voici les principaux points à considérer :
1. Communication en interne :
- Le DUERP doit être mis à la disposition de tous les salariés et des membres du CSE ou de la ou des commissions santé sécurité et conditions de travail (CSSCT).
- Un avis indiquant les modalités d'accès au DUERP doit être affiché à des endroits facilement accessibles par les salariés. Dans les entreprises de plus de 50 salariés avec un règlement intérieur, l'avis doit être affiché à côté du règlement intérieur.
- Le non-respect de cette obligation peut constituer un délit d'entrave, sanctionné par un an d'emprisonnement et/ou une amende de 3750 €.
2. Consultation du CSE :
- Depuis le 31 mars 2022, le CSE doit être consulté lors de l’élaboration du DUERP.
3. Communication en externe :
- En externe, le DUERP doit être à la disposition du médecin du travail, des agents de contrôle de l'inspection du travail, des agents des services de prévention des organismes de Sécurité sociale, des agents des organismes professionnels de santé, de sécurité et des conditions de travail, ainsi que des inspecteurs de la radioprotection pour les évaluations liées à l’exposition aux rayonnements ionisants.
- Le non-présentation du DUERP à l'agent de contrôle de l'inspection du travail est passible d'une amende de 3e classe, soit 450 euros.
4. Dépôt numérique obligatoire :
- La loi du 2 août 2021 a rendu obligatoire le dépôt du DUERP et de ses mises à jour au format numérique sur un portail en ligne.
- Calendrier de mise en œuvre :
- À compter du 1er juillet 2023 : dépôt obligatoire pour les entreprises de 150 salariés ou plus.
- Au plus tard à compter du 1er juillet 2024 (dates précisées par décret) : dépôt obligatoire pour les entreprises de moins de 150 salariés.
En l'absence du portail numérique prévu pour le dépôt du Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) puisse susciter des interrogations et des préoccupations. En attendant la mise en place du portail numérique, voici quelques points à considérer :
Maintien de la Conservation :
Conformément aux dispositions actuelles, l'employeur doit continuer à conserver les versions successives du DUERP au sein de l'entreprise.
La conservation peut se faire sous la forme d'un document papier ou dématérialisée, selon la préférence et l'organisation de l'entreprise.
Durée de Conservation :
La durée de conservation des documents est de 40 ans. Il est essentiel de respecter cette obligation légale pour assurer la traçabilité des évaluations des risques professionnelles sur le long terme.
Surveillance des Annonces Officielles :
Il est recommandé de rester attentif aux annonces officielles des autorités compétentes et des partenaires sociaux concernant la mise en place du portail numérique.
Les nouvelles dates d'entrée en vigueur ou tout changement significatif seront probablement communiqués officiellement.
Dialogue avec les Instances Représentatives :
Dans le cadre des instances représentatives du personnel, telles que le Comité Social et Économique (CSE), le dialogue avec les représentants du personnel peut être maintenu pour discuter des démarches de prévention des risques, y compris le DUERP.
Adaptation aux Évolutions Législatives :
L'environnement législatif peut évoluer, et il est important d'adapter les pratiques de gestion des risques en fonction des nouvelles réglementations.
En somme, en l'absence du portail numérique, l'entreprise peut continuer à respecter ses obligations en matière de sécurité en conservant le DUERP et en suivant les démarches habituelles. Toutefois, il est recommandé de rester informé des développements futurs et de se conformer aux nouvelles directives officielles dès qu'elles seront publiées.
5. Conservation des versions successives :
- Depuis le 31 mars 2022 et jusqu'à la mise en place du portail numérique, l'employeur doit conserver les versions successives du DUERP au sein de l'entreprise, sous forme papier ou dématérialisée, selon sa propre organisation.
5. Mise en pratique
Le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) ne se limite pas à une simple obligation légale ; il représente également un levier essentiel pour le dialogue social au sein de l'entreprise. Voici quelques points supplémentaires pour renforcer le caractère collaboratif de l'évaluation des risques :
1. Approche Pluridisciplinaire :
- L'évaluation des risques doit impliquer divers acteurs de l'entreprise, mobilisant des compétences variées. Les contributions de différentes parties prenantes, y compris les représentants du personnel, enrichissent l'analyse et favorisent une vision globale.
2. Coconstruction avec les Représentants du Personnel :
- Les représentants du personnel au sein du CSE ou de la CSSCT ont un rôle crucial dans la coconstruction de l'évaluation des risques. Leur implication dans l'audit du DUERP contribue à assurer la prise en compte complète des enjeux liés à la santé et à la sécurité au travail.
3. Objectif d'Exhaustivité :
- L'audit du DUERP par les représentants du personnel vise à s'assurer que tous les risques au travail ont été identifiés. Cela garantit une vision exhaustive des dangers potentiels auxquels les travailleurs peuvent être exposés.
4. Réévaluation des Niveaux de Risques :
- Les représentants du personnel peuvent jouer un rôle dans la réévaluation périodique des niveaux de risques. Cette démarche permet de tenir compte des évolutions au sein de l'entreprise et de garantir une adaptation constante des mesures de prévention.
5. Garantir l'Effectivité des Mesures de Prévention :
- En auditant le DUERP, les représentants du personnel s'assurent de l'effectivité et de l'efficacité des mesures de prévention mises en place. Ils contribuent ainsi à renforcer la protection des travailleurs.
6. Définition des Priorités Politiques :
- Le CSE doit définir des axes prioritaires en fonction des enjeux spécifiques de l'entreprise. Cette approche permet de concentrer les efforts sur des domaines particuliers, que ce soit en raison de situations objectives ou des préoccupations exprimées par les salariés.
7. Actualisation Continue du DUERP :
- À chaque information, consultation, ou réunion, les représentants du personnel peuvent contribuer à actualiser le DUERP. Cela assure une prise en compte constante des nouvelles informations et des évolutions au sein de l'entreprise.
En résumé, la collaboration entre l'employeur et les représentants du personnel dans le cadre de l'évaluation des risques contribue à renforcer la prévention, la sécurité, et le bien-être au travail.
Références aux textes officiels
Code du Travail :
Article R. 4141-3-1
Article R. 4741-1
Article L. 4121-3
Code Pénal :
Circulaire :
Circulaire DRT n° 6 du 18 avril 2002, prise pour l’application du décret n° 2001-1016
Loi :
Loi n° 2021-1018 du 2 août 2021, pour renforcer la prévention en santé au travail
Ces références législatives et réglementaires sont utilisées pour étayer et encadrer les obligations, droits, et responsabilités liés à la santé et à la sécurité au travail, notamment en ce qui concerne l'évaluation des risques professionnels.
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