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Le délit d'entrave CSE


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délit entrave


Le délit d'entrave CSE : tout ce qu'il faut savoir pour protéger les droits des représentants du personnel



1. Introduction


Le Comité Social et Économique (CSE) joue un rôle crucial dans la représentation et la défense des intérêts des salariés au sein de l'entreprise.


Cependant, pour qu'il puisse remplir pleinement ses missions, il est essentiel que son fonctionnement ne soit pas entravé.


C'est là qu'intervient la notion de délit d'entrave CSE, un concept juridique important mais parfois méconnu.


Dans cet article, nous allons explorer en détail ce qu'est le délit d'entrave CSE, ses implications légales, et comment les représentants du personnel peuvent se protéger contre ce type d'infraction.


2. Qu'est-ce que le délit d'entrave CSE ?


Le délit d'entrave CSE est une infraction pénale qui consiste à porter atteinte au bon fonctionnement du Comité Social et Économique ou à la libre désignation de ses membres.


Il s'agit d'un acte grave qui peut prendre diverses formes, allant de l'obstruction à la mise en place du CSE jusqu'à l'entrave de ses activités quotidiennes.


Selon l'article L2317-1 du Code du travail :"Le fait d'apporter une entrave soit à la constitution d'un comité social et économique, d'un comité social et économique d'établissement ou d'un comité social et économique central, soit à la libre désignation de leurs membres, soit à leur fonctionnement régulier, notamment par la méconnaissance des dispositions des articles L. 2314-1 à L. 2314-9 est puni d'un emprisonnement d'un an et d'une amende de 7 500 euros."


Cette définition légale souligne la gravité avec laquelle le législateur considère toute entrave au fonctionnement du CSE.


3. Les différentes formes de délit d'entrave CSE


Le délit d'entrave peut se manifester de nombreuses manières. Voici quelques exemples concrets :

  1. Entrave à la constitution du CSE : Ne pas organiser les élections professionnelles dans les délais légaux ou refuser de mettre en place le CSE alors que l'effectif de l'entreprise le requiert.

  2. Entrave à la libre désignation des membres : Exercer des pressions sur les salariés pour les dissuader de se présenter aux élections ou de voter.

  3. Entrave au fonctionnement régulier du CSE :

    • Ne pas convoquer les réunions obligatoires du CSE

    • Ne pas fournir les informations nécessaires au CSE pour exercer ses missions

    • Refuser de consulter le CSE sur des sujets où sa consultation est obligatoire

    • Ne pas verser le budget de fonctionnement ou la subvention aux activités sociales et culturelles

  4. Entrave aux droits individuels des membres du CSE :

    • Ne pas accorder les heures de délégation

    • Sanctionner un élu en raison de son mandat

    • Licencier un représentant du personnel sans respecter la procédure spéciale de protection


Il est important de noter que le délit d'entrave peut résulter aussi bien d'actions positives (comme le refus explicite de consulter le CSE) que d'omissions (comme le fait de ne pas verser le budget de fonctionnement).


4. Les éléments constitutifs du délit d'entrave CSE


Pour qu'un délit d'entrave soit caractérisé, trois éléments doivent être réunis :


  1. L'élément légal : Il s'agit du texte de loi qui définit l'infraction, en l'occurrence l'article L2317-1 du Code du travail cité plus haut.

  2. L'élément matériel : C'est l'acte ou l'omission qui porte atteinte au fonctionnement du CSE ou aux droits de ses membres.

  3. L'élément moral : Il s'agit de l'intention de l'auteur. Cependant, la jurisprudence considère que le simple fait que l'acte soit volontaire suffit à caractériser l'élément moral, même si l'auteur n'avait pas l'intention spécifique d'entraver le fonctionnement du CSE.


5. Jurisprudence : des cas concrets de délit d'entrave CSE


La jurisprudence a eu l'occasion de préciser ce qui constitue ou non un délit d'entrave. Voici quelques exemples marquants :


  1. Cass. crim., 15 mars 2016, n° 14-87.989 : La Cour de cassation a confirmé la condamnation d'un employeur pour délit d'entrave pour avoir refusé de verser le budget de fonctionnement du comité d'entreprise.

  2. Cass. crim., 26 oct. 2010, n°09-87671 : L'employeur a été condamné pour délit d'entrave pour avoir volontairement fait obstacle pendant plusieurs mois au reclassement d'un représentant du personnel déclaré inapte par le médecin du travail.

  3. Cass. crim., 6 juin 1990, n°89-83.277 : La Cour a jugé que le fait de consulter trop tardivement le comité constituait un délit d'entrave.

  4. Cass. crim., 17 nov. 1992, n° 91-86.708 : L'employeur a été condamné pour avoir refusé que le secrétaire du comité se fasse assister par une sténodactylo et refusé la présence de cette dernière en réunion plénière.


Ces décisions montrent que les tribunaux adoptent une interprétation large de la notion d'entrave, sanctionnant aussi bien les actes manifestes d'obstruction que les manquements plus subtils aux obligations de l'employeur envers le CSE.


6. Les sanctions du délit d'entrave CSE


Les sanctions prévues pour le délit d'entrave CSE sont à la fois pénales et civiles :


Sanctions pénales

  • Pour l'entrave à la constitution du CSE ou à la libre désignation de ses membres : 1 an d'emprisonnement et 7 500 € d'amende.

  • Pour l'entrave au fonctionnement régulier du CSE : 7 500 € d'amende.

En cas de récidive dans un délai de 3 ans, ces peines peuvent être doublées.


Sanctions civiles

Outre les sanctions pénales, l'auteur du délit d'entrave peut être condamné à verser des dommages et intérêts au CSE ou aux membres lésés pour réparer le préjudice subi.


7. Comment agir face à un délit d'entrave CSE ?


Si vous pensez être victime d'un délit d'entrave CSE, voici les étapes à suivre :


  1. Documenter l'entrave : Rassemblez tous les éléments de preuve (emails, procès-verbaux de réunion, témoignages) qui démontrent l'entrave.

  2. Dialogue avec l'employeur : Dans un premier temps, il peut être utile d'informer l'employeur de la situation et de lui demander de cesser l'entrave. Cette démarche peut parfois suffire à résoudre le problème.

  3. Contacter l'inspection du travail : Si le dialogue n'aboutit pas, vous pouvez solliciter l'intervention de l'inspection du travail. L'inspecteur pourra constater l'infraction et dresser un procès-verbal.

  4. Action en justice : En dernier recours, vous pouvez porter plainte auprès du procureur de la République ou vous constituer partie civile devant le tribunal correctionnel.


8. L'importance de la formation CSE pour prévenir le délit d'entrave


Pour prévenir les situations de délit d'entrave, il est crucial que les membres du CSE et les employeurs soient bien informés de leurs droits et obligations respectifs.


C'est là qu'intervient l'importance de la formation CSE.


Le Centre Agréé CSE, organisme de formation spécialisé dans le droit social et le fonctionnement des instances représentatives du personnel, propose des formations complètes sur le sujet.


Ces formations permettent aux élus du CSE de :

  • Connaître précisément leurs prérogatives et les obligations de l'employeur envers le CSE

  • Identifier les situations susceptibles de constituer un délit d'entrave

  • Savoir comment réagir face à une entrave potentielle

  • Maîtriser les procédures légales pour faire valoir les droits du CSE


La formation "Fonctionnement du CSE" du Centre Agréé CSE, aborde spécifiquement la question du délit d'entrave, offrant aux participants les outils nécessaires pour prévenir et gérer ce type de situation.


9. Conclusion : l'importance de la vigilance face au délit d'entrave CSE

Le délit d'entrave CSE est une infraction sérieuse qui peut gravement nuire au dialogue social au sein de l'entreprise.


Il est donc essentiel que les représentants du personnel soient vigilants et sachent reconnaître les situations susceptibles de constituer une entrave.


Cependant, la meilleure approche reste la prévention. Une bonne connaissance des droits et obligations de chacun, une communication ouverte entre le CSE et la direction, et un respect mutuel des prérogatives de chaque partie sont les meilleures garanties contre le délit d'entrave.La formation joue un rôle clé dans cette prévention.


En investissant dans la formation de leurs élus CSE, les entreprises investissent dans un dialogue social de qualité, gage de performance économique et de bien-être au travail.


N'oubliez pas : un CSE qui fonctionne bien est un atout pour l'entreprise. Il contribue à l'amélioration des conditions de travail, à la prévention des risques professionnels et au développement économique et social de l'entreprise.


Protéger son fonctionnement contre toute entrave, c'est protéger l'intérêt de tous.


10. Foire aux questions (FAQ) sur le délit d'entrave CSE


Q1 : Qui peut être poursuivi pour délit d'entrave CSE ?


R1 : Principalement l'employeur ou son représentant, mais aussi toute personne ayant autorité sur le fonctionnement du CSE.


Dans certains cas, des salariés ou même des membres du CSE pourraient être poursuivis s'ils entravent le fonctionnement de l'instance.


Q2 : Le délit d'entrave CSE est-il toujours intentionnel ?


R2 : Non, l'intention spécifique d'entraver n'est pas nécessaire.


Le simple fait que l'acte soit volontaire suffit à caractériser l'élément moral du délit, même si l'auteur ignorait qu'il commettait une infraction.


Q3 : Y a-t-il un délai de prescription pour le délit d'entrave CSE ?


R3 : Oui, le délai de prescription est de 6 ans à compter du jour où l'infraction a été commise.


Q4 : Le CSE peut-il se constituer partie civile dans une procédure pour délit d'entrave ?


R4 : Oui, le CSE peut se constituer partie civile pour demander réparation du préjudice subi du fait de l'entrave.


Q5 : La régularisation de la situation efface-t-elle le délit d'entrave ?


R5 : Non, même si l'employeur régularise la situation, le délit d'entrave commis antérieurement n'est pas effacé et reste punissable.


11. Pour aller plus loin : ressources sur le délit d'entrave CSE


Pour approfondir vos connaissances sur le délit d'entrave CSE, voici quelques ressources utiles :


  1. Code du travail : Articles L2317-1 et suivants relatifs aux délits d'entrave.

  2. Site du Ministère du Travail : Informations officielles sur le fonctionnement du CSE et les obligations de l'employeur.

  3. Centre Agréé CSE : Organisme de formation proposant des modules spécifiques sur le fonctionnement du CSE et la prévention du délit d'entrave.

  4. Legifrance : Base de données juridiques officielle, pour consulter la jurisprudence relative au délit d'entrave.

  5. INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) : Ressources sur la santé et la sécurité au travail, domaine où le CSE joue un rôle important.


En vous formant régulièrement et en restant informé des évolutions légales et jurisprudentielles, vous serez mieux armé pour prévenir et faire face aux situations de délit d'entrave CSE.



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